Si le processus de libéralisation et de pacification lancé par Abiy Ahmed, le nouveau Premier ministre éthiopien, est salué dans l’ensemble de la Corne de l’Afrique, il oblige le pays d’Ismaïl Omar Guelleh à revoir sa stratégie pour ne pas hypothéquer sa croissance future.
En coulisses, les tractations se poursuivent entre tous les voisins de la Corne pour établir une paix durable. Au sein des sphères dirigeantes et des milieux économiques de Djibouti, on le confesse, tout le monde a été pris de court. Personne ne s’attendait à une telle accélération de l’Histoire. Car l’arrivée à la tête de l’Éthiopie d’un jeune Premier ministre oromo en avril, Abiy Ahmed, a eu raison en quelques semaines du rideau de fer qui pesait sur la région.
Sur fond de recomposition du jeu politique et ethnique, de pacification sociale et de libéralisation économique à Addis-Abeba, la réconciliation entre l’Éthiopie et l’Érythrée en juillet a entraîné celle avec la Somalie, la paix avec les rebelles de l’Ogaden et une poignée de main historique en septembre entre le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh et son homologue érythréen Issaias Afeworki, jusqu’ici irréconciliables…
Tous ces bouleversements devraient faire tomber, tel un château de cartes, le monopole logistique de Djibouti, devenu depuis 1998 – année du début de la guerre entre l’Éthiopie et l’Érythrée – l’unique débouché maritime d’Addis, traitant 90 % de son fret (contre 30 % auparavant), équivalant à 80 % de son PIB.